Grisaille/Camaieu

Grisaille/Camaieu

Introduction

La grisaille est une technique picturale synonyme de chiaroscuro, ou clair-obscur.  Le terme de grisaille désigne une peinture traitée en monochromie pour imiter le bas-relief à l’aide d’une dégradation entre le noir et le blanc de valeurs grises. Cette monochromie peut être établie également à partir d’une gamme chromatique différente à base de vert, par exemple.

C’est, semble-t-il, en France que l’on pratiqua d’abord la grisaille, notamment dans les œuvres produites par l’atelier du peintre-sculpteur André Beauneveu. La grisaille fut souvent employée dans les manuscrits  et plus particulièrement dans les encadrements restituant des sculptures ou des éléments d’architecture . Sous le règne de Charles V, elle fut l’objet d’une véritable mode dans la miniature, le vitrail ou même la peinture.

Dans les tableaux, elle apparaît comme l’une des caractéristiques de la peinture du Nord ; au revers des retables, une Annonciationest souvent représentée en grisaille. La liturgie, en associant au temps de carême l’emploi de la grisaille, donne à cette dernière une fonction religieuse.

La grisaille fut utilisée par Bosch  et Bruegel, mais elle avait alors perdu sa fonction religieuse pour devenir un procédé pictural qui, traduisant le trompe-l’œil, prouvait l’habileté du peintre et fut utilisé ensuite par de très nombreux artistes : Andrea del Sarto, Corrège (Camera di San Paolo, Parme) Beccafumi, Otto Venius, Rubens, Van Dyck, Van Thulden, etc. Au xvie s., surtout v. 1550-160, elle connut un grand succès dans l’émail avec Pierre Reymond ou avec Jean II, Jean III et Pierre Penicaud.

Au XVIIIème siècle, la grisaille constitue une des variétés du style  » rococo  » avec des peintres comme Boucher ou Pittoni (P. J. Sauvage se fit une spécialité des faux bas-reliefs peints). Notons aussi son emploi (déjà par les Flamands du XVIIème siècle.) comme une étude préparant une composition gravée . Le procédé de la grisaille continua à être employé par la suite jusqu’au XIXème siècle.

En décoration, elle permet des effets de relief donnant l’illusion du bas relief sculpté et du trompe l’oeil, Les peintres n’utilisent que des nuances d’une même couleur afin d’imiter le marbre, la pierre, le bronze. Elle est similaire, par ce principe, au camaïeu, dans sa variante à plusieurs tons d’une même couleur..

 

Chez les peintres Flamands

  1. Ils Préparaient soigneusement le support, j'usqu'à l'obtention d'une surface aussi poli que le marbre.
  2. L’esquisse ou le dessin préparatoire était exécuté avec du charbon de saule, ou mine de plomb ou une pointe d’argent. Les ombres et les plis seulement étaient réalisés. Le dessin n’était jamais fixé partant du principe qu’il fallait laisser l’ouvrage en repos quelques jours afin de mieux l’observer et de faire les retouches nécessaires au fur et à mesure.
  3. Ensuite, l’ébauche était faite à la tempéra à l’œuf. C’est-à-dire que la première couche de peinture se faisait avec une peinture ayant l’œuf comme liant. Mais cela jusqu’au XVe siècle car avec l’arrivée de la peinture à l’huile l’ébauche était exécuté par un vernis léger mélangé avec de l’essence. La manière de procéder était toujours la même, en grisaille dégradé, sans rajout de blanc car ils l’obtenaient par transparence du fond. Comme à l’aquarelle. Le ton de base de cette grisaille s’appelle le Verdaccio, mélange d’ocre jaune, noir et terre verte. Parfois à la place de la terre verte, on trouve de l’ocre rouge. La terre verte était utilisée comme ombre pour les chairs. L’esquisse était légère mais aussi précise que possible. Le peintre partait du fond du sujet (paysage, architecture, vêtement) en terminant par les chairs (visages, mains). De de fait, on termine toujours par les détails les plus importants.
  4. Lorsque cette grisaille était bien sèche, l’exécution en couleur pouvait se faire. L’œuvre était peinte morceau par morceau, commençant par le fond pour finir par les chairs. Leurs couleurs étaient plus liquides que celles que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce. Elles étaient surtout très transparentes, alors ils superposaient les couches les unes sur les autres en laissant sécher un bon moment entre chacune d’elles. Dans la technique de ces peintres flamands, l’épaisseur ne doit se trouver que dans les ombres, pour plus d’opacité. Le blanc du fond devait être gardé par transparence pour les zones de lumière du sujet. La raison principale à cela c’est qu’à l’époque ils ne connaissaient que le blanc de céruse (blanc de plomb ou blanc d’argent) qui aurait fini par jaunir. Les maîtres flamands ne se servaient que de pinceaux à poils doux (écureuils, putois ou martre) afin de donner l’aspect lisse comme de l’émail.

 

Le Camaieu

Au sens strict du terme, le camaïeu désigne une peinture dont le motif principal, d'une seule couleur, se détache par contraste sur un fond d'une seule couleur nettement différente, le plus souvent un blanc par rapport à un bleu, un rouge, un noir ou un vert, procédé qui imite les camées. L'effet de silhouette de ce motif se trouve donc accentué au point de créer l'illusion d'une « dentelle » ou d'un bas-relief comme dans les frises de style néo-classique peintes à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, et dans les fresques de style « pompéien » de la Restauration et du Second Empire.

Par extension, l'expression désigne aussi une peinture en grisaille (chiaroscuro, ou clair-obscur) utilisée depuis le XVe siècle en Italie dans les décorations monochromes ou à deux tons (clair sur sombre, beige sur rouge, par exemple), ou blanc sur gris, pour orner les murs des palais ou les dessus de portes. Aujourd'hui ce mot désigne couramment un procédé de peinture utilisant plusieurs tons et valeurs d’une même couleur. Exemple un camaïeu de bleu. Comme la grisaille, mais pouvant être, rose, vert, rouge...

Le terme de camaïeu désigne enfin une gravure dont les tirages sont faits avec une seule encre.

Client

Grisaille/Camaieu

Date

18 March 2021

Tags

Acrylique, Huiles, technique